• Voilà ce que je t’écrivais le dimanche 2 août 2009, veille de la naissance de Noé:

    Voilà, je suis prête, je t’attends mon bébé. Ce matin, j’ai pleuré de déception, j’aurais tant aimé que tu sois déjà là ! Et puis j’ai peur que tu n’aies pas envie de nous rencontrer… C’est que cette nuit, j’ai commencé à perdre les eaux, alors j’ai cru que tu allais débarquer comme un boulet de canon, comme ton frère. J’étais si excitée à l’idée de te voir ! Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Très peu de contractions, juste le ventre dur. Je me dis déjà que tu vas me surprendre, me dérouter, qu’il va falloir qu’on apprenne à se connaître, que tu as ton propre rythme, ta propre personnalité.

    Je suis seule à la maison depuis midi. Ton papa et ton frère ainsi que Thierry, Ferdinand, Manon et Suzanne sont partis chez des amis. Moi je n’avais pas le courage d’y aller. Envie d’être seule avec toi, envie de préparer notre nid. J’ai fait un grand ménage, une lessive. J’ai descendu la fameuse valise que je prépare depuis quelques temps dans la pièce où je pense accoucher, le bureau salle de jeu, près de la salle de bain. Dans cette valise, il y a des draps, des alèses, des serviettes, une bouillotte, des vêtements pour toi…J’ai écouté de la musique indienne pour me nourrir de la force de ce peuple, de sa spiritualité. J’ai appelé une copine pour s'occuper de ton frère cette nuit, elle peut arriver quand je veux. J’ai aussi envoyé un message à une liste de femmes sur Internet avec qui nous parlons de naissance sans assistance. Voilà, je me sens entourée, reliée à d’autres femmes. Tes grands-parents aussi sont prévenus. Vendredi, je disais à ton papa que je sentais que tu allais naître le 3 août. Quel suspense ! C’est dur de t’attendre, je suis si impatiente, j’aimerais tant savoir quand tu seras là ! mais le terme théorique de la grossesse est le 18 août, tu peux donc nous faire mijoter encore longtemps. Je te sens si proche, ta tête me chatouille tout en bas. Vendredi, l’ostéopathe n’a pas osé trop intervenir tant tu étais déjà bien engagé. Noé, Myriam, qui es-tu ?

    Et voici maintenant le récit de la suite :

    La copine est arrivée vers vingt heures le dimanche soir, avec sa grande fille. Je sentais que je pouvais compter sur elle, sur son calme, sa discrétion, une question de feeling, une sensation qui ne s’explique pas mais qu’on sent dès la première rencontre.  Elle saurait soccuper de Joseph sans paniquer pour moi.

    Après le dîner, on a préparé le bureau "salle de naissance. Ton papa a empilé plusieurs épaisseurs de draps et d’alèses et mis des matelas au sol. Je le regardais faire, un peu perdue. Cela concrétisait la naissance, me sortait de la douce torpeur dans laquelle je baignais depuis midi. J’avais l’impression qu’il précipitait un peu les choses.

    Avec ton papa, on s’est couchés vers 22h30, pensant qu’il valait mieux prendre des forces s’il devait se passer quelque chose cette nuit. Ton frère dormait en haut avec les copines. Ma première nuit sans lui depuis sa naissance. Une fois que ton papa l’a eu endormi, j’ai eu confiance en lui, je me suis sentie prête et disponible pour toi. Et puis j’ai allumé deux bougies pour nous accompagner dans la nuit. J’avais ainsi l’impression d’être dans une grotte près d’un feu réconfortant.

    J’ai eu du mal à trouver le sommeil, l’esprit agité par l’incertitude de ta venue. Ton papa lui était paisible et déjà je l’entendais dormir. Vers minuit, je suis allée aux toilettes, espérant sentir la poche des eaux se rompre pour de bon. Rien. Je me suis recouchée mais vite relevée, pour entamer un long ballet d’allers-retours qui a duré jusque vers 2 heures du matin. Entre deux je m’allongeais sur les matelas au sol pour essayer de laisser dormir ton papa. Puis j’ai commencé à avoir des contractions, d’abord toutes les vingt minutes puis tous les quarts d’heure puis toutes les dix minutes, cinq minutes… Ca me tirait dans le ventre. Je n’ai pas ressenti cette effroyable douleur dans les reins comme pour ton frère. La bouillotte que j’avais prévue pour me soulager est restée dans la valise. J’avais juste mal au ventre, mais rien d’insoutenable. Pendant les contractions je posais les coudes sur le lit, comme pour prier ou je m’agenouillais comme dans un canoë. Puis ton papa est venu me soutenir. Il était comme un pilier auquel je me raccrochais quand les vagues des contractions m’emportaient. Le silence me soulageait, je lui ai vite interdit de me parler, surtout pendant les contractions. Je soufflais les contractions dans un bruit de vent, me sentant tempête dans les arbres, burle sur les montagnes… Je chantais de longs « Ahhhhhhhhhhhhhhh » C’était presque doux. Je me balançais un peu, comme un bercement contre ton père. Je te sentais très bas dans mon ventre, tu paraissais tout petit alors que ces dernières semaines tu m’envahissais, me remplissait entièrement.

    A un moment, j’ai dit à ton papa combien j’étais contente d’être à la maison, comme je m’y sentais bien. Je lui ai aussi confié mon inquiétude, mon agacement de ne pas perdre les eaux pour de bon. Pourquoi cette fichue poche ne se rompait pas ? Je lui ai dit que j’avais l’impression que tu allais naître coiffé, que tu romprais la poche en sortant la tête.

    Dans l’instant qui a suivi, en tout cas c’est la sensation, le souvenir que j’en ai, j’ai ressenti le besoin de me redresser, j’étais comme attirée vers le haut. J’ai écarté les cuisses et placé ma main sur mon sexe qui était incroyablement bombé. J’ai compris que c’était ta tête et dans l’instant elle était là, dans ma main. Tu étais entre deux mondes, encore dans moi et déjà à l’air. Je n’en revenais pas, je pensais qu’il nous faudrait patienter des heures encore. Tu es sorti dans un bruit d’eau, comme une source jaillissante. J’ai crié à ton père que je tenais ta tête et il a voulu aller se laver les mains.  Je crois que tu étais sorti quand il est revenu. Je ne sais plus, j’étais complètement hébétée. Je suis restée sonnée quelques minutes, sensations irréelles. Ton papa m’a aidée à m’installer au chaud dans le lit. Tu étais là, tout blanc, couvert de vernix et violet aussi. Il était 5h52.

    Quand tu es sorti, ton papa t’a appelé « mon fils » sans avoir regardé ton sexe, l’intuition. Bientôt tu as trouvé mon sein et tété comme un expert. Je te regardais, tes cheveux étaient tout collés de sang et de vernix.

    Je restais préoccupée par l’expulsion du placenta. Je redoutais ce moment parce que j’en ai été dépossédée à la première naissance, peur que mon corps ne sache pas faire vu qu’on l’avait fait pour lui la première fois pour cause de protocole et d’horloge… Là il m’aura fallu quatre heures pour le délivrer et lâcher l’angoisse avec. Quatre longues heures au terme desquelles je me suis sentie renaître. Nous avons pleuré de joie et de soulagement. Ca y est, tout était fini, nous l’avions fait. Ce long projet, ce rêve que nous nourrissions depuis de longs mois était devenu réalité. Nous avions fini par couper le cordon avant l’expulsion du placenta pour me faciliter les déplacements. J’ai été étonnée par la masse du placenta. Nous l’avons touché, examiné pour voir s’il paraissait entier. C’était chaud, visqueux, lourd.

    Nous l’avons conservé jusqu’au samedi, soir où avec tes grands-parents nous sommes allés l’enterrer en haut du village, là où j’aime regarder le Puy de Dôme et les volcans au-delà de la Limagne. Là où le vent souffle toujours un peu. Nous sommes arrivés au coucher du soleil. Nous avons fait une photo de famille puis creusé un trou. Le voilà rendu à la terre nourricière lui qui t’a nourri dans mon ventre. Etrange moment, fin d’un cycle.

    Je n’en reviens toujours pas de la douceur de ta naissance. Ma main droite qui a accueilli ta tête semble encore chaude de ta présence.

    Une sage-femme est passée dans la journée pour vérifier que nous allions bien. Pas de déchirure pour moi, petite victoire intérieure ! 3.400kg et 50 centimètres pour toi, beauté !

    A la mairie, nous avons été très bien reçus pour la déclaration de naissance. Tu es le premier bébé né à Persignat depuis 1947 !

    Tu es né dans l’harmonie de notre quotidien. Ton frère t’a rencontré une heure après ta naissance, quand il s’est réveillé à 7 heures. Il disait « bébé, bébé » sans s’arrêter. Il t’a examiné, fait des bisous. Il paraissait joyeux et excité. C’est assez magique de rester chez soi et de t’avoir accueilli si simplement. Pouvoir se régaler de la lumière du jour qui se lève, terminer l’excellent « struddle » aux pommes de ton papa, entendre le facteur, les tourterelles dans la cour…Tout se passe si bien quand rien ne vient perturber la naissance d’un bébé. Peut être notre bonne étoile…


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  • Noé et sa maman sont revenus à la maison dimanche soir, Ouf ! tout le monde est soulagé, la colombe est revenue avec un rameau d'olivier ! ;-)

    nous sommes alles voir le pediatre tout à l heure et il prend un peu de poids... Pour la petite histoire, la seule balance fiable à la maison est une balance à crochet !

    Vero a fait son récit, il sera bientot publié sur ce blog !

     

    a+

     

    manu

     


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  • Petit Noé est hospitalisé depuis jeudi soir... Entre lundi et jeudi il avait perdu 150 g et depuis la naissance 210 g (3kg390 à la naissance) soit 6 % apres avoir stagné à 3kg 230 de mercredi 5 à lundi 10. Sa maman le trouvait faible et ne pouvait se résoudre à l'expliquer par le fait qu'il est forcément différent de son frère (Joseph était trés alerte et énergique dès la naissance). Noé est plutôt "tranquille", il ne téte pas trés longtemps car il s'endort vite et depuis lundi, il vomissait la quasi totalité des tétées. Comme il y avait toujours des pipis et des cacas, je ne m'étais pas alarmé jusqu'à la pesée de jeudi midi... qui a indiqué un poid de 3kg 080 g... alors là "branle bas de combat !". Petit tour chez un pédiatre qui nous oriente tout de suite vers les urgences pédiatriques de Clermont. 

    Evidemment, ce n'est pas de ça dont on rêvait, mais il faut bien s'y résoudre, c'est là toute la place de la technique : quand les ressources naturelles ne sont pas suffisantes. Mais sachons toujours garder notre libre arbitre !

    Véro est resté auprès de lui pour continuer à l'allaiter et surtout pour ne pas le laisser puisqu il a besoin de protection et d'amour et que nous avons besoin de son existence maintenant qu'il a décidé de venir en ce monde. Comment pourrait il s'accrocher à la vie sans nous ? Comment pourrait il faire l'effort sans notre stimulation d'amour ?

    La séparation et la peur de le perdre nous ont beaucoup tourmenté.

    Je l'ai supplié de rester, lui expliquant combien j'avais besoin de lui, tout ce qu'on pourra faire tous les 4 et qu'il avait un grand frère super et des parents qui l aiment. Je lui ai dit en quoi cette vie sur terre vaut le coup d'être vécue et que le monde aura besoin de lui... C'est peut être dérisoire, irrationnel mais c'est ma foi et mon espérance. 


    Joseph a été admirable. Je lui ai expliqué ce qui se passait et je pense qu'il a fort compris. Première nuit sans maman, sans préparation, c'est pas rien pour un petit garçon qui n'a pas encore 2 ans. Biensûr au réveil, il cherche sa maman et le bébé mais à chaque fois je lui explique en vérité et en douceur. Et tout ce passe comme si il comprenait... et je pense qu il comprend. Pour preuve, aux infos télévisées, on a vu un reportage sur un hôpital et je lui ai dit "Tu vois c'est dans un hôpital comme ça où il y a maman et ton petit frère" et il m'a répondu : "bébé ? bébé ? ".

    Hier, pendant la séance d'UV de Noé qui dure 6 heures, Joseph a pu voir sa maman quelques heures au jardin Lecoq. Il était temps que les batteries se rechargent !!! Noé a un trop fort taux d'hémoglobine (23) et une jaunisse du nourisson carabinée. Il a donc droit à une perfusion en continu, à des séances d'UV et à des petites saignées... Pas vraiment excitant mais déjà les résultats sont là : il reprend du poid, le taux d'hémoglobine redescend, la jaunisse s'estompe, il prend de grosses tétées et vomit toujours mais moins... On voit maintenant le bout du tunnel et ça va beaucoup mieux pour notre moral.

    Bon, Joseph a fini sa sieste et me réclame !!!

    à bientôt

     

    Manu


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